CHERS INCONNUS

Correspondance participative

Chers inconnus de Lisa Otjacques Photo de Lisa Lesourd

« Dans le studio de ton cerveau, j’imagine des rideaux à moitié fermés. Des rideaux cachés derrière tes yeux, qui ne savent pas s’ils doivent être ouverts sur le monde ou fermés sur soi. »

L'histoire

Vendredi 13 mars 2020, quelques jours avant le confinement,
les théâtres ferment.

Je m’appelle Lisa Otjacques, je suis comédienne et je fais partie des comédiens « poissons pilotes » du Théâtre de la Colline à Paris.
Wajdi Mouawad lance « Au creux de l’oreille », des lectures de textes au téléphone. Nous sommes 70, puis 280 comédiens.
Chaque jour j’appelle en moyenne 3 personnes qui se sont inscrites et je leur lis des textes d’auteurs connus mais aussi des textes que j’ai écrit pour l’occasion dont une lettre rédigée le 15 Avril.
Lorsque je lis cette lettre destinée à « mon/ ma colocataire de pensées de confinement » au téléphone, on me demande : où sont les réponses ?
Alors voici que l’idée d’un écho née. Je lance un appel à lettres.
Pendant ce temps, mon amie photographe Lisa Lesourd poste une photographie par jour de confinement. Je les utilise pour illustrer les réponses reçues.

Au total je recevrai 29 réponses, toutes sont déclinées en format texte et audio.

Avec la participation de

Laëtitia / Mathieu / Natanaële / Thomas P / Patricia / Typhaine / Sylvie / Victor / Laura / Thomas C / Jean-Pascal / Célia / Dominique / Lucette
Blandine / Muriel / Théodore / Maya / Françoise / Pierre-Emmanuel / Tristan / Basilia / Pauline / Swann / Mathias / Marjorie / Anne

 

L'APPEL À LETTRES

À mon/ma colocataire de pensées de confinement
Le 15 Avril 2020

Cher/e confiné/e,

Je ne sais pas si tu es seul/e ou à plusieurs, ni où tu vis et ce qui t’habite dans ta tête, mais sache que tu n’es pas seul/e. Toi, moi, la moitié de l’univers, nous sommes des colocataires de confinement, liés par la pensée. Je pense à toi et à tous les autres. Et toi, à qui penses-tu ? Dans le studio de ton cerveau, j’imagine des rideaux à moitié fermés. Des rideaux cachés derrière tes yeux, qui ne savent pas s’ils doivent être ouverts sur le monde ou fermés sur soi. Dans la salle de bain de ton esprit, j’imagine des pensées qui se lavent, parfois, j’imagine un grand bain d’émotions, des petites bulles d’espoir qui s’échappent, tentent de sortir par la fenêtre et disparaissent vers l’horizon. Dans ta cuisine du temps qui passe, je t’imagine sortir les ingrédients. Ce midi tu as mangé la patience et pour ce soir tu prépares l’optimisme. Car tout n’est que vue de l’esprit. Je cohabite dans un endroit similaire, je connais les lieux, je sais de quoi je parle. Mais j’aimerai que tu me dises, de quoi sont faits tes matins ? Qu’est-ce qui ne quitte pas ta pensée quand tu te couches ? Je voudrais que tu me dises si tu te sens seul/e ou entouré/e ? Quels sont les ingrédients dans ta cuisine du temps qui passe, quel est ton bain de pensées ? Quels sont tes rêves réconfortants quand tu as sommeil et que tu te réfugies dans la chambre de tes doutes ? Quand tu ouvres les volets de tes paupières, quel est ton horizon ?

A toi, cher/e confiné/e, réponds-moi et laisse libre cours à ton imagination.
Ta colocataire de pensées de confinement,

Lisa Otjacques

Les réponses des inconnus

Lettre manuscrite de Muriel pour Chers inconnus